Comment visiter la basilique?
La basilique est ouverte tous les jours de 7h à 19h
Visite guidée : chaque dimanche à 14h30 ou sur demande
Contacts : Valérie RANJARD +33 7 87 73 87 09 ou Jérôme de CLERCQ +33 6 81 62 64 42
Guide de la basilique mis à la disposition des visiteurs
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LES DIFFERENTS CARTELS
LE BAPTISTERE ET LE TABLEAU DE TATTEGRAIN
On va vers le baptistère, le plus souvent placé à l’entrée des églises (début de la vie chrétienne)
On peut s’arrêter devant le tableau de Francis Tattegrain (1852-1915), un peintre picard, de l’école naturaliste.
Le tableau, dont le musée de Boulogne présente un faux jumeaux, illustre un événement majeur de l’histoire du lieu, l’arrivée de la Vierge à Boulogne.
L’historien du XVIIème, le chanoine LEROY rapporte que sous le règne du roi Dagobert (aux dates conjecturales de 633 et 636), une barque contenant une statue de Notre Dame accoste sur le rivage, alors que la communauté chrétienne en prière dans l’église primitive en est avertie par une apparition de la Vierge Marie elle-même. Elle « leur ordonna de l’aller prendre et de la placer ensuite dans cette chapelle comme étant le lieu qu’elle s’était choisi et destiné pour recevoir à perpétuité les effets et le témoignage d’un culte tout particulier. »
Il n’est pas impensable que la statue provienne d’Orient. On peut spéculer sur la conjoncture historique (pression musulmane) et des exemples similaires (croix de Rue, 1 à Bari et l’autre en Galice)
NOTRE DAME DU GRAND RETOUR
Dans les années 1930, apparait un mouvement de congrès mariaux comparable à ce que sont les JMJ à notre époque. Le premier à lieu à Chartres en 1927, puis lourde en 1930, N-D de Liesse en 1934 et Boulogne à la mi-juillet 1938, qui a rassemblé près de 300 000 personnes.
Pour préparer ce congrès l’évêque d’Arras va avoir l’idée de faire fabriquer par Pierre Stenne quatre statues dont celle que nous pouvons voir, les faire circuler dans les paroisses du diocèse, en les faisant converger vers Boulogne ; c’est ce qu’on a appelé les « voies ardentes ».
Au cours de la semaine, les congressistes vont pouvoir marquer leur attachement à la Vierge de Boulogne en faisant l’Hommage du cœur proposé au congrès marial. Ils pouvaient glisser une petite prière dans les ex-voto en forme de cœur.
Devant le succès de ces vierges pèlerines durant la préparation du congrès, les autorités religieuses vont avoir l’idée de généraliser leur pérégrination dans la France entière. C’est ainsi que l’une d’entre elle va entreprendre de suivre le chemin des champs de bataille de la Grande Guerre autour de Reims. À la déclaration de la seconde guerre, elle va s’arrêter au monastère d’Igny dans la Marne. Elle va passer la ligne de démarcation en 1942 pour rejoindre le Puy-en-Velay le 15 août, et atteindre Lourde le 7 septembre. Interpelées par les discours de Pie XII en décembre 1942 demandant le grand retour de Dieu et de Notre-Dame dans nos vies, les autorités du sanctuaire vont avoir l’idée de remettre en route la statue, qui de fait va repartir dès le mois de mai 1943.
Dans la France occupée d’abord, pendant la libération ensuite et dans la paix retrouvée, cette statue ainsi que les trois autres vont parcourir 120 000 km sur les routes de Frances pendant 5 ans, en passant dans une paroisse sur deux (16 000 paroisses de 36 000 communes). Les foules allaient accueillir aux limites du village la statue transmise par la paroisse précédente, tiraient à bras son char en procession jusque dans leur église, où se tenait la nuit entière une veillée de prière et de miséricorde, suivie de la messe le lendemain matin. N-D du grand retour entourée de son cortège partait ensuite à la rencontre de la prochaine paroisse.
Tout au long de ces déplacements et surtout au sortir de ces temps troublés (guerre, deuil, épuration, et règlement de compte) de paroisse en paroisse s’est développé un mouvement de prière, de pénitence et de conversion, voire quelques guérisons inexpliquées.
LA CHAIRE
La chaire provient de l’église disparue des Cordeliers (rue Thiers), elle est du XVIIIème à l’exception des escaliers qui lui ont été rajoutés au XIXème. Une chaire est un meuble d’église qui a perdu de son usage depuis l’apparition des micros. Elle permettait au prédicateur de s’élever pour que sa voix porte. Sur la cuve on reconnaîtra les quatre évangélistes, sur le dos et horizontalement la Sainte Famille et verticalement la Ste Trinité ; Au-dessus un ange annonce la bonne nouvelle de sa trompe disparue. A l’arrière une statue de St Paul est en restauration
LA STATUE DU ROI DAVID
La statue du Roi David, initialement placée devant les grandes orgues, est l’œuvre du sculpteur Buisine en 1895.
Elle nous renvoie à l’histoire récente de la Basilique reconstruite par Mgr Haffreingue.
Elle a subi deux traumatismes dans la première moitié du 20e.
-Le 3 novembre 1921 à 22h, la charpente de la nef s’effondre de tout son long, engloutissant les plafonds. La voute est reconstruite en béton armé, et faute de budget pour restituer les fresques, rouverte au culte le 15/08/1923.
-Les bombardements de la seconde guerre mondiale de mai 40 à septembre 1944 touchent la basilique. Boulogne subit près de 400 bombardements (396), un par semaine en moyenne. Malgré cela Boulogne n’a pas été la ville la plus dévastée comme ont pu l’être le Havre ou Saint Malo.
LE RETABLE DU SACRE-COEUR
Ce retable a été restauré en 2016.
Il est dédié auSacré-Cœur, une dévotion déjà instaurée au XVIIIème à la demande de l’assemblée des évêques de France de 1765, et qui avait poussé l’avant dernier évêque de Boulogne, Mgr de Pressy, à lui dédier une des chapelles de la nef de l’ancienne cathédrale.
Il présente trois parties distinctes qui forment malgré l’apparence une grande unité.
Au-dessus de l’autel nous avons un bas-relief avec deux personnages, ensuite nous avons, devant, deux statues tournées vers le bas-relief et enfin au-dessus nous avons dans les rayons de soleil, les nuées et les angelots ce que l’on appelle en architecture une gloire, la gloire de Dieu : sa manifestation en tant que tel.
La conception est d’Eugène Delaplanche, un sculpteur parisien
L’ensemble allie le marbre (8 sortes de marbres différents qui s’harmonisent), le bronze et le bois.
Qui sont ces personnages ?
Les deux statues prévues dès l’origine, sont arrivées 25 ans plus tard. Représentent la Vierge Marie et saint Jean, elles sont l’œuvre d’un sculpteur audomarois, Louis Noël en 1903.
La Vierge Marie est debout dans une attitude d’offrande.
Saint Jean porte d’une main l’Évangile, de l’autre un calice. La tradition rapporte qu’au Calvaire il a recueilli le sang du Christ après qu’un soldat romain lui ait transpercé le côté.
On s’attendrait donc à trouver la Croix dans la direction où convergent leurs regards et de leurs gestes.
Or le bas-relief en marbre blanc de Carrare vers lequel ils sont tournés représente l’apparition en 1689 de Jésus à une religieuse du XVIIème siècle, Marguerite Marie Alacoque, dans son couvent de Paray-le-Monial. Jésus s’y révèle comme étant le Sacré-Cœur. On voit donc Jésus montrer son cœur aimant et s’offrant pour le rachat des hommes. C’est là le sens de son sacrifice au calvaire. Et si vous regardez mieux vous verrez que Jésus est debout sur un autel. Et c’est là le point de convergence des trois parties du retable. La messe qui est dite sur l’autel en dessous est le renouvellement du sacrifice de Jésus sur la croix de façon non sanglante car Jésus Fils de Dieu se rend présent sur l’autel sous l’apparence du pain et du vin consacré. Et c’est pour cela que dans la gloire au-dessus du bas-relief Dieu est représenté sous la forme d’une hostie, en écho à sa parole « Je suis le pain de vie descendu du ciel »
LA VIERGE DU LIBAN
La statue est une commande de l’évêque de Beyrouth au sculpteur Youssef Hoyek pour être offerte aux Boulonnais à l’occasion du congrès marial de 1938. Elle a été taillée dans le bois d’un cèdre millénaire, avec l’ambition, de par sa position assise, d’une ressemblance la plus parfaite avec l’antique statue : hauteur, de 3 pieds et demi, enfant sur le bras gauche…
L’antique statue de chêne a été brulée à la révolution (28/12/1793), mais dans les quelques semaines qui ont précédé l’autodafé, un fragment a pu en être détaché et récupéré dans les bureaux même de l’administration où elle était gardée. Une petite portion de la main droite a ainsi été placée dans ce reliquaire pour la vénération des fidèles. Le trésor de la basilique présente un autre reliquaire similaire mais en argent, à l’intérieur duquel on peut observer un fragment du métacarpe et les premières phalanges des trois derniers doigts.
L’AUTEL DE SAINT JOSEPH
Il a été nettoyé et restauré au printemps 2023.
L’autel et le retable réalisés en 1875 forment un ensemble très homogène, conçu par l’architecte E. Duthoit. La statue est de Delaplanche
La présence de saint Joseph auprès de la Vierge Marie ne surprendra pas.
On peut lire au fond de la niche sur les cartouches ocres sur fond gris les inscriptions : « joseph vir justus »« joseph homme juste », « beatae Mariae sponsus » « époux de la bienheureuse Marie », « custos domini sui » « gardien de son Seigneur ».
LES STATUES DU TRANSEPT : PERES ET DOCTEURS DE L’EGLISE
En levant la tête nous apercevons un premier programme de 16 statues :
12 pères latins dans le sens du transept.
St Grégoire-le-Grand (père et docteur VIème siècle), St Anselme XIème et St Hilaire IVème.
St Jérôme (père et docteur IVème), St Pierre Chrysologue Vème et St Bonaventure XIIIème.
St Augustin (père et docteur IVème), St Léon-le-grand (Vème), St Bernard de Clairvaux (XIIème) venu ici en 1131
St Ambroise (père et docteur IVème), St Thomas d’Aquin (XIIIème) et St Isidore de Séville (VIIème, dernier père)
Tous proclamés docteurs de l’Église. Le dernier qui a été déclaré docteur de l’Église au moment de la construction de la basilique est saint Hilaire en 1851 (il manque Pierre Damien).
4 pères grecs dans le sens de la nef :
St Athanase et St Jean Chrysostome, St Basile et St Grégoire de Nazianze (tous du IVème siècle).
Pourquoi ont-ils été représentés ?
Parce qu’ils étaient reconnus comme docteurs de l’Église au moment de la construction de la basilique.
Un docteur de l’Église est une personne, dont l’Église reconnaît l’autorité exceptionnelle dans le domaine de la théologie. « La profondeur de leur foi, alliée à la sûreté de leur pensée et la sainteté de leur vie donnent à leurs écrits et leur enseignement un poids et une influence durables et remarquables dans le développement de la doctrine chrétienne. »
Mgr Haffreingue avait à cœur de mettre en valeur ceux qui avaient été des pierres vivantes de l’Église à la fois par leur doctrine et la sainteté de leur vie.
L’AUTEL TORLONIA
Quand Haffreingue s’est lancé dans l’aventure de la reconstruction, son projet initial était une chapelle avec une rotonde devant, mais poussé par les Boulonnais qui lui demandaient de reconstruire la cathédrale, il hésite et prend conseil. Son conseil va l’emmener à Rome où il va être reçu par le pape Grégoire XVI qui va l’encourager dans son entreprise. Pie IX succède à Grégoire XVI en 1848 et va lui aussi l’encourager. C’est pour cela qu’on a, de part et d’autre de l’autel, les armes pontificales des deux papes de la reconstruction.
Pie IX va faire le don de ce maître autel. En fait le prince Charles Torlonia, un prince romain d’origine auvergnate, souhaitait faire un don pour honorer la Vierge Marie. Pie IX a orienté sa générosité vers la basilique Notre-Dame de Boulogne. Au moment où il allait exécuter son projet, il mourut. Son frère, le prince Alexandre Torlonia s’appliqua à réaliser le désir de son frère. De concert avec son architecte, Nicolas Carnevali, il fit dessiner un autel sur le modèle de ceux des grandes basiliques romaines comme saint Pierre et saint Jean de Latran. Il voulait un autel double, dit romain, de grande dimension. Il fit appel aux artistes romains les plus habiles. Des autels comparables, il n’y en a qu’une dixaine dans le monde.
Installé en 1866 au centre du dome, il va être déménagé en 1878 à son emplacement actuel.On peut admirer l’harmonie des dimensions, 3m75 x 2m72. On est saisi par sa richesse : pas moins de 147 pierres et marbres précieux différents qui s’allient avec le bronze.
Le soubassement est en marbre blanc de Carrare avec incrustation de pierres précieuses dont la malachite. La table fait saillie et porte sur 20 colonnettes de serpentine, une des pierres les plus dures qui existent (il a fallu 2 mois pour arrondir chaque colonnette !), les pilastres sont en lumachelle (marbre à fossiles) violet. Le corps de l’autel est constitué de panneaux de nummulite rose d’Egypte incrustés de pierres et de mosaïques de marbre.
Au-dessus de la table d’autel en marbre de Carrare (cachée par la nappe) on a un premier gradin en serpentine, un deuxième gradin dont la base est en brèche jaune, et le corps en marbre de Carrare incrusté de pierres (albâtre, feldspath, porphyre, granite, quartzite, marbres).
Le tabernacle est comme un arc triomphal pour porter la Croix. Il a la forme du Saint des Saints. Il allie marbre de carrare, albâtre (différents albâtres) et marbre rouge. Les colonnettes sont en lapis-lazuli et bronze ; la croix et son encadrement sont en lapis-lazuli ; le triangle qui surmonte la croix est en mosaïque ; la frise au-dessus de la croix est ornée de disques de malachite.
Sur les 2 faces des tableaux en mosaïques réalisés par Constantin Rinaldi d’après les dessins de maîtres romains Gagliardi, Catalani, Bartolani. Les teintes sont douces, fondues, on dirait les tableaux faits au pinceau.
Les mosaïques représentent sur une face Notre Dame de Boulogne debout dans sa barque et 4 pères et docteurs de l’Église :
- Grégoire le Grand avec la tiare pontificale et la colombe qui inspire ses écrits et le livre de docteur.
- Ambroise avec une mitre, et une plume parce qu’il est l’auteur de plusieurs écrits dogmatiques.
- Athanase à droite avec le « quicumque » « celui qui » en grec, un credo non retenu par la liturgie. « OS TIS boulhtai swqhnai propantwn crh kratein thn kaqolikhn piVtin » « celui qui veut être sauvé doit avant tout tenir fermement la foi catholique ».
- Chrysostome avec une mitre. Il lève la main, cela évoque ses dons d’orateur.
Ils ont une grande présence quel que soit l’angle de vue.
Sur l’autre face sont représentés le Christ, et les quatre évangélistes.
Marie est représentée en Vierge nautonière. Jésus présente le pain de vie et le calice. Leur visage empreint de douceur rayonne.
Les évangélistes : Luc avec le taureau (le temple), Mathieu avec l’ange (généalogie), Marc avec le lion, Jean avec l’aigle. Tous les 4 respirent la dignité et la paix.
Les parties latérales sont dédiées aux donateurs Charles à l’orient (coté épitre) et Alexandre à l’occident (coté évangile) et présentent leurs panneaux centraux une mosaïque à leurs armes respectives.
L’AUTEL DE SAINT BENOIT-JOSEPH LABRE
Sur le bas-côté sud du chœur, on trouve l’autel et le bras reliquaire de saint Benoît-Joseph Labre.
Saint Benoît-Joseph Labre est un saint né près d’ici à Amettes en 1748. Assoiffé de Dieu, c’est sur la route qu’il l’a rencontré. Sa vocation était d’être pèlerin. Un bâton à la main et un chapelet au cou, dans une vie de pauvreté et de prière, il a parcouru les routes d’Europe.
Tourné vers Dieu, le cœur de Benoît l’est également vers les autres. Vivant au jour le jour, il trouve le tour de partager le peu qu’il a avec les pauvres de son entourage.
À Rome, où Benoît passe les dernières années de sa vie, il est surnommé « le pauvre des Quarante-Heures » ; on le retrouve en adoration dans les églises où le Saint-Sacrement est exposé. L’Eucharistie est au cœur de sa vie et de sa prière.
Le 16 avril 1783, Benoît meurt à Rome à l’âge de 35 ans. La nouvelle se répand par la bouche des enfants : « Le saint est mort ! Le saint est mort !»
S’il a un autel dans cette basilique, c’est que cherchant sa vocation, il est venu prier Notre Dame et demander conseil à son évêque Mgr de Pressy. Le tableau original détruits pendant la guerre avait été offert par le pape Pie IX qui l’a béatifié en 1860. Le tableau a pu être restitué grâce à sa copie qui orne à Rome son tombeau dans l’église Ste Marie des monts à proximité du Colysée. Benoit Joseph Labre a été canonisé par Léon XIII en 1881.
LES FRESQUES DE SOULACROIX
Haffreingue déclarait s’occuper de construire son église et au-delà de la décoration du dôme et des plafonds de la nef, il confiait l’achèvement de la décoration et le mobilier à ses successeurs. Pourtant il a su s’entourer de grands artistes.
Les fresques dans les 6 absidioles sont la composition du peintre Charles Soulacroix entre 1861 et 1865.
Soulacroix compose la décoration des 6 absidioles sur le thème de la vie de la Sainte Vierge. Chaque absidiole comporte un tableau principal surmontée d’un cul-de-four, et 4 des absidioles comportent des tableaux secondaires complétant le programme.
Comment lire les fresques ?
Bien qu’étant la plus ancienne des fresques, la Présentation de Jésus au temple datée de 1863 achève la série. En fait, la lecture proposée par Soulacroix se fait de droite à gauche en commençant par la fresque à droite de la chapelle de la Vierge représentant l’Immaculée Conception.
C’est toute la vie de Marie qui est représentée. Ainsi on voit se dérouler les différents épisodes de la vie de Marie : sa naissance, sa présentation au temple. Viennent ensuite l’Annonciation, la Visitation et la Présentation de Jésus au Temple. On peut aussi lire la fresque de l’Immaculée Conception comme celle de la glorification de Marie, montée au ciel en son corps et en son âme.
Au-dessus de la Présentation au temple de Marie et celle de Jésus, les culs de four figurent un ciel étoilé. Trois autres présentent Dieu en ses trois personnes, une dernière représente Marie. C’est une manière de rappeler la relation d’alliance de Marie avec les trois Personnes de la Trinité. Elle est Fille du Père, Épouse de l’Esprit Saint et Mère du Fils de Dieu. On notera la similitude de l’arc-en-ciel pour le Père et pour Marie mais en ordre inversé : le bleu côté de Dieu et le rouge côté de la création.
1.L’Immaculée Conception
« Mysterium immaculatae conceptionnis B Mariae Virginisi »
« Mystère de l’immaculée conception de la bienheureuse Vierge Marie »
« Ave templum sanctissime Trinitatis alleluia alleluia »
« Salut temple de la très sainte Trinité Alleluia, alleluia »
« SIGNUM MAGNUM APPARUIT IN CAELI »
« Un grand signe apparut dans le ciel »
« O Beata Virgo Maria Immaculata Conception tua magnum gaudium annuntiavit universo mudo »
« Ô Bienheureuse Vierge Marie, ton immaculée conception a annoncé une grande joie au monde entier »
L’artiste salue Marie comme fille du Dieu Père : « Ave filia Dei Patris ».
Depuis longtemps déjà Haffreingue invoque l’Immaculée conception. Dès 1829 il lui consacre son collège. En 1854, le Pape Pie IX proclame le dogme de l’Immaculée Conception. 1854, c’est l’année de la fin du gros œuvre de cette église. En 1858 les apparitions de Lourdes viennent confirmer ce dogme. Il eut été surprenant que l’abbé Haffreingue passe à côté d’un tel événement lorsqu’il dédicace l’église à l’Immaculée Conception et lorsqu’il commande les fresques en 1861.
L’Immaculée Conception est représentée sous les traits de la vierge de l’apocalypse (AP 12-1)dans une gloire lumineuse, précédant la fuite au désert représenté au-dessous (AP 12-6) et le combat des anges contre les forces du mal (AP 12-7). On reconnait l’archange saint Michel avec sa devise sur son bouclier : « Quis ut Deus » « Qui est comme Dieu ? »
« Tota pulchra es Maria, et macula originalis non est in te » « Tu es toute belle Marie, et la tache originelle n’est pas en toi ». La Vierge a le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et écrase la tête du serpent. « inimicitas ponam inter te et mulierem, ipsa conteret caput tuum »« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme , et elle t’écrasera la tête ». Epargnée par le péché, elle est la nouvelle Eve, dont la gloire fait écho à la chute et surtout l’expulsion du Paradis de nos premiers parents présentés sur le tableau annexe de gauche. « Adamus et Eva, emisit eum dominus deus de paradiso voluptatis » « Adam et Eve, le seigneur Dieu les chassa du paradis de volupté ». Le tableau annexe de droite représente, en filigrane blanc sur fond rouge amarante, Pie IX coiffé de sa tiare et tenant un phylactère mentionnant la bulle « inefabula Deus » de proclamation du dogme de l’Immaculée Conception « Dieu inéfable ». « Pius P P nonus, conceptionis imm. B.M.V dogma promulgavit » « le pape Pie IX a promulgué le dogme de l’immaculé conception de la Bienheureuse Vierge Marie ».
Dans le cul de four, Dieu le Père entouré d’anges. La création caractérise l’activité du Père. Il est le créateur de l’humanité qui s’est corrompue par le péché (Adam et Eve) mais aussi de l’humanité qu’il a choisie d’en épargner (Marie, la nouvelle Eve), et ce dès le commencement du monde.
2.La Nativité de Marie
« Mysterium nativitatis B mariae virginisi »
« Mystère de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie »
« AVE MARIS STELLA DEI MATER ALMA »
« Salut étoile de la mer, mère nourricière de Dieu »
« Gaudeamus omnes quia hodie nata est regina caeli et terrae »
« Réjouissons-nous tous car aujourd’hui est née la reine du ciel et de la terre »
L’artiste salue Marie comme temple de la très sainte Trinité. Cf. la bande rouge au bas du cul de four : « Ave templum ss Trinitatis ».
Dans la scène principale, d’un naturalisme tout « nazaréen », des servantes qui ont achevé la toilette du nouveau-né ont rendu l’enfant à sa mère, sainte Anne, qui rend grâce à Dieu de la naissance de la nouvelle Eve, avant de la présenter à son père Joachin qui accourt. «Elegit eam et praeligit eam » « Il la choisit et la préféra »
Les tableaux secondaires sur fond bleu, nous renvoient à la première Eve : À gauche, sous les armes de Pie IX, l’Immaculée Conception dans une mandorle assiste à la création d’Eve par Dieu tirée du côté d’Adam dans son sommeil (Dieu est reconnaissable à son triangle au-dessus de la tête). « Ab initio et ante saecula creata sum » « Au commencement et avant les siècles je fus créée » « Cumque obdormisset tulit unam de costis ejus et aedificavit dominus deus in mulierem » « et pendant qu’il dormait il prit une de ses cotes et le Seigneur Dieu en fit une femme »
À droite sous les armes de l’abbé Haffreingue élevé à la dignité de protonotaire, Dieu Pantocrator maudit le serpent de la Genèse qui s’enfuit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal devant Adam et Eve accablés par leur nouvelle condition.
La légende en latin commente cette scène « ipsa conteret caput tuum et tu insidiabiris calcaneus ejus » « Elle-même t’écrasera la tête, et tu lui mordras le talon ». On peut faire un rapprochement avec l’inscription dans le piédestal de la colonne à droite de l’Immaculée Conception, où le début du même verset Gn. 3.15 est cité : « Je mettrai une hostilité entre la femme et toi, elle t’écrasera la tête. » L’artiste montre comment le péché n’a plus prise sur la nouvelle Eve.
Dans le cul de four Marie est représentée enfant et assise sur un trône. Dès le commencement elle est reine. L’arc en ciel estampillé du triangle frappé du tétragramme (YVAE en hébreux) figure l’alliance de Dieu avec les hommes. Ce symbole renvoie au livre de la Genèse et à la première alliance de Dieu avec les hommes rescapés du déluge et guidés par Noé, et aussi le vocable des litanies : Marie, arche d’alliance.
3.La Présentation de Marie au Temple
«Mysterium presentationis B mariae virginisi»
“Mystère de la présentation de la bienheureuse Vierge Marie »
« AVE PUELLA TOTA PULCHRA A DEO DILECTA »
« Salut jeune fille toute belle choisie Dieu »
La présentation de la Vierge au temple, issue du proto-évangile de saint Jacques relate qu’Anne et Joachim ont confié dès son plus jeune âge l’éducation de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem. La scène représente son accueil par le grand prêtre. Derrière Marie, sainte Anne ; plus à gauche derrière la colonne, malgré les dégradations, on distingue la silhouette de Joachim. Tout à fait à droite de l’autre côté de la colonne, se tient la prophétesse Anne.
L’artiste fait aussi un clin d’œil à l’abbé Haffreingue en lui empruntant le visage pour le personnage situé devant la colonne blanche.
4.L’Annonciation
« Mysterium anuntitionis B mariae virginisi »
« Mystère de l’annonciation de la bienheureuse Vierge Marie »
« AVE GRATIA PLENA DOMINUS TECUM, BENEDICTATU IN MULIERIBUS »
« Salut pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es benie entre les femmes »
« Rorate caeli desuper et nubes pluant justum aperitur terra et germinet salvatorem; mitte quem missurus es »
« Cieux, répandez d’en haut votre rosée et que les nuages fassent pleuvoir le Juste ! Que la terre s’entrouvre et fasse germer le Sauveur ! (Is 45 8) Envoie celui que tu dois envoyer »
« Ave templum sanctissime Trinitatis alleluia alleluia »
« Salut temple de la très sainte Trinité Alleluia, alleluia »
L’artiste salue Marie comme la Mère du Fils de Dieu « Ave Mater Dei Filii ».
L’ancien testament annonçait : « Ecce virgo concipiet et pariet filium et vocabitur nomen ejus emmanuel » « voici que la Vierge concevra et enfantera un fils et il sera appelé du nom de l’Emmanuel » (Is 7 14).
L’Incarnation, c’est le Fils qui se fait chair dans le sein de Marie. C’est pourquoi, dans le cul de four, on peut voir le Fils de Dieu écarter les bras pour embrasser l’humanité. Le Fils de Dieu est entouré de neuf anges, représentant les neufs chœur des anges, qui se réjouissent de l’Incarnation, faisant écho aux anges déchus repoussés par saint Michel dans le tableau de l’Immaculée Conception (absidiole en face).
Le tableau principal de l’Annonciation, est d’une disposition très classique. L’ange Gabriel descend et s’adresse à la Vierge en train de méditer l’Ecriture. Il lui fait l’hommage d’un lys blanc, symbole de pureté. L’Esprit Saint sous l’apparence d’une colombe inonde de sa lumière la Vierge à qui la lumière du lampadaire (lampe éteinte) devient superflue. La vierge répond : « Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum » « voici la servante du seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole »
Les tableaux annexes font écho aux vertus. Du côté de la Vierge, « humilitas » « l’humilité », illustrée par une personne qui s’incline, comme Marie, pour recevoir Jésus hostie.
Du côté de l’ange Gabriel, les vertus théologales « fides – spes – charitas », « foi, espérance et charité ». Elles permettent d’annoncer Dieu.
Par les détails des blasons au-dessus des niches, l’artiste fait un clin d’œil aux Boulonnais à qui il attribue les vertus théologales, et à l’empereur Napoléon III iI attribue l’humilité. Ce dernier s’est fait le serviteur de Notre-Dame, en venant en 1853 visiter le chantier, offrant à l’abbé Haffreingue une somme d’argent et sa légion d’honneur.
5.La Visitation
« Mysterium visitationis B mariae virginisi »
« Mystère de la visitation de la bienheureuse Vierge Marie »
« Ave templum sanctissime Trinitatis »
« Salut temple de la très sainte Trinité »
L’artiste salue Marie comme l’épouse de l’Esprit Saint : « Ave sponsa Spiritus Sancti ».
La Vierge Marie pleine de foi dans la révélation que l’ange lui a faite, se rend chez sa cousine Elisabeth. À la salutation d’Elisabeth, « Et unde hoc mihi, ut veniat mater Domini mei ad me […] Et beata, quæ credidísti » (Lc. 1 43) « Et comment se fait-il que la Mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi ? […] Bienheureuse celle qui a cru », la Vierge Marie répond par le « Magnificat anima mea Dominum », « le Seigneur fit pour moi des merveilles » dont on voit le premier mot sur le phylactère au pied de la colonne de droite, et se poursuit :
« Quia respexit humilitatem ancillae suae » « parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante ».
L’artiste représente des détails incertains ou apocryphes comme la rencontre de Joseph et Zacharie, la servante tourmentée d’Elisabeth et l’amour jetant ses flèches dans un puits.
Le tableau de la Visitation fait écho à celui qui lui fait face sur le thème de la Nativité de la Vierge. À la naissance de la Vierge, fait écho celle du précurseur, saint Jean-Baptiste et du Christ lui-même. St Jean Baptiste est présenté dans le tableau annexe de gauche avec la légende « puer vocaberis prophetas Altissimi », « toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut », tandis que le Christ est annoncé dans tableau annexe de droite « Filius Altissimi vocabitur » « il sera appelé Fils du Très-Haut ».
6.La Présentation de Jésus au Temple
« Mysterium purificationis B mariae virginisi »
« Mystère de la purification de la bienheureuse Vierge Marie »
La présentation de Jésus, et la purification rituelle de la mère chez les israélites, est l’offrande rituelle à Dieu du premier enfant mâle. Bien que la Vierge Marie n’ait nul besoin de purification, elle se soumet et accomplit la loi de ses pères. Dans le temple de Jérusalem, le vieillard Siméon accueille l’enfant de quelques semaines et sa mère dont on ne voit plus qu’un pan bleu du manteau. Derrière sur une table, et devant le Saint des Saints fermé par le rideau-du-temple, on distingue les deux jeunes colombes qui sont l’offrande rituelle d’un ménage modeste. Le panier de fruits à sa droite a disparu. À l’extrême droite, comme pour la présentation de la Vierge, on voyait saint Joseph s’acquitter du montant de l’offrande. À l’extrême gauche, on retrouve avec les mêmes couleurs de costume la prophétesse Anne et près d’elle des jeunes filles consacrées au Seigneur. Sous le tableau on peut lire les premiers mots du « Nunc dimittis » de Siméon (Lc 2 29). « NUNC DIMITTIS SERVUM TUUM, DOMINE, secundum verbum tuum in pace », « maintenant Seigneur, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole. »
LE DÔME
Passage devant la maquette vers le dôme …
En passant devant la maquette, vous y remarquerez pour le dôme, les deux niveaux de fenêtres visibles de l’extérieur. 17 000 tonnes. La basilique avec le dôme est l’une des 10 plus hautes de France, 17ème rang mondial.
Nous arrivons dans un volume qui impressionne par sa hauteur. Il y a 85 m du sol à l’oculus de l’Assomption, un diamètre de 19m, auquel on peut ajouter les 6 absidioles d’un diamètre d’un peu plus de 5 m. et la chapelle axiale de Notre-Dame d’une profondeur d’environ 14m.
Le dôme a été voulu extérieurement visible de loin comme un phare pour ramener Albion à la l’orthodoxie catholique.
(Se positionner au centre du dôme)
La perspective de Mgr Haffreingue
C’est sous le dôme qu’on comprend la perspective de Mgr Haffreingue de construire une église sur 3 étages pour représenter à la fois l’Église souffrante (la crypte), l’Église militante (la nef) et l’Église triomphante dans les plafonds de la nef et surtout dans les hauteurs du dôme.
Il écrivait : « L’ensemble de l’intérieur les trois Églises souffrante, militante et triomphante, superposées l’une à l’autre dans toute l’étendue de l’édifice, qui a 100 m de longueur, de sorte que l’Église souffrante occupe la crypte, l’Église militante le sol et l’Église triomphante les voûtes et les coupoles. »
Si les fresques racontent des événements du parcours de la vie de la Vierge, l’architecture en glorifie son assomption au ciel de la crypte à la lanterne.
Au-dessus de nos têtes, visible de l’extérieur, dans la lanterne, au sommet du dôme, une statue colossale de la Vierge de plus de 3 m. de hauteur, œuvre de Jean-Marie Bonnassieux (inaugurée le 30 août 1857): elle règne sur la voûte étoilée du ciel, que figure la coupole étoilée au-dessus de nos têtes. C’est le sens de l’inscription sur l’oculus au centre de la coupole 85 m au-dessus de nos têtes : « Maria Virgo assumpta est in caelum in quo ipsa coronatur, et Filius ejus Rex regum stellato sedet solio » « la Vierge Marie, a été élevée au ciel, où elle est couronnée, et son Fils, le Roi des rois, est assis sur un trône étoilé ».
La vie de la Vierge Marie, c’est le modèle de toute vie chrétienne. Marie, mère et éducatrice, nous montre le chemin qui conduit au bonheur du ciel. Les différents niveaux expriment le parcours du chrétien depuis son baptême : conduit par Marie et à son exemple, à l’imitation de la vie du Christ, il est appelé au bonheur de la vie avec Dieu.
L’étage des Apôtres.
Entre 20 et 30 m, une couronne de 16 statues : Le Christ et les douze apôtres, auxquels sont adjoints la Vierge Marie, saint Paul l’apôtre des gentils et saint Luc.
Ils représentent l’Église instituée par le Christ. La mission qu’il lui a confiée est évoquée par les inscriptions en latin : « Accipite Spiritum Sanctum, sicut misit me Pater et ego mitto vos (Jn. 20, 20-21). Euntes ergo docete omnes gentes et ecce ego vobiscum sum ad consummationem saeculorum » (Mt. 28, 19-20), « Recevez l’Esprit Saint, comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Allez donc, enseignez toutes les nations et voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des âges ».
L’étage des grandes verrières
Les grandes verrières laissent entrer largement la lumière, Elles nous tirent vers le Ciel. Couronnant ces verrières, posé sur les chapiteaux corinthiens, un nouvel entablement présente une frise où festonnent, de cartouche en cartouche estampillés d’anges, les boules d’un chapelet. Le chapelet fait écho à celui que nous avons sous les pieds, faisant le tour du dôme, composée en pierres rouges provenant de l’ancienne cathédrale. Le chapelet nous rappelle le rôle de Marie pour nous amener à Jésus. Le chapelet est une prière de contemplation de la vie du Christ. Marie nous aide à intérioriser et à méditer la vie du Christ.
La coupole et ses 3 niveaux
Au-dessus de nous apparaît la coupole. On voit des décalages de concentricité des motifs quand on s’écarte du centre du dôme vers les absidioles.
Le décor de la voûte est fait d’étoiles blanches disposées sur des carrés bleus, une représentation de l’Eglise triomphante et du ciel. Les carrés bleus ont tous la même taille mais la disposition de leur décor est différent selon les étages.
Sur les deux lignes inférieures de carrés bleus, les étoiles sont disposées en forme de croix. La symbolique est claire : le salut nous est donné par la croix.
Sur les sept lignes au-dessus, les étoiles sont disposées en forme de couronnes, c’est l’étage de ceux qui ont été jugés digne de recevoir la couronne de gloire des élus dont nous parle saint Paul.
Au-delà jusqu’à l’oculus, il n’y a plus qu’une étoile par carré bleu pour représenter la voûte céleste et la félicité de ses occupants devant la vision béatifique.
